Alcool et tourisme à Majorque : De nouvelles lois très sévères dès 2020

Le Govern Balear veut imposer un véritable changement dans le modèle touristique de l’archipel et améliorer la coexistence entre touristes et résidents.
Un modèle qui a conduit ces dernières années à l’arrivée massive de jeunes visiteurs européens attirés par des offres basées sur la consommation effrénée d’alcool à des prix très bas.
Des touristes dont le comportement incivique vient ternir l’image de Majorque qui malheureusement se résume pour certains à ces zones d’abus incessants, S’Arenal, Playa de Palma et Magaluf.
Le Govern Balear a approuvé un décret pionnier en Europe qui interdit le tourisme dit “d’ivresse” dans les zones de Playa de Palma, S’Arenal, Magaluf à Majorque et le West End de Sant Antoni à Ibiza.
Des pratiques dangereuses devenues banales
Le décret interdit la publicité pour la consommation d’alcool, les “barras libres” (alcool à volonté), le pubcrawling (Excursions organisées autour de l’alcool), les happy hours, les “2X1” , les “3X1”, les boissons alcoolisées en libre service ainsi que la vente de boissons alcoolisées dans les magasins entre 21:30 et 8:00 du matin.
Les boissons doivent être facturées à un prix unitaire sans aucune possibilité de promotion et dans les hôtels et restaurants de ces 3 zones, seules 3 boissons alcoolisées par personne peuvent être proposées au déjeuner et au dîner.
Dans tous les hôtels des Baléares, toute personne pratiquant ou participant au “balconing” (sauter d’un balcon à l’autre ou se jeter de la terrasse dans la piscine) peut être expulsée immédiatement de l’établissement.
Concernant les fêtes sur les bateaux appelées “party boats”, aucune nouvelle licence ne sera concédée pendant 2 ans, au terme desquels une nouvelle réglementation existera. Pour le moment, les bateaux ayant une licence ne pourront désembarquer leurs passagers dans aucune de ces 3 zones.
Le texte comprend également des mesures, pour toute la communauté Baléares, visant à mettre fin à l’utilisation des femmes comme attraction touristique : “ La femme ne peut pas être utilisée comme appât pour favoriser la fréquentation des établissements”.
Des amendes conséquentes en cas d’infraction
Cette nouvelle réglementation interdit toute pratique ou tout comportement dangereux pour la vie, la santé et l’intégrité physique des personnes dans les établissements touristiques des Baléares.
Le régime de sanctions met l’accent sur les infractions graves, avec des amendes de 6.001 à 60.000 euros et les infractions très graves avec des amendes de 60.001 à 600.000 euros !!
L’établissement concerné peut en outre être fermé pour une durée maximale de 3 ans selon les circonstances.
Quant aux infractions dites mineures, elles sont passibles d’une amende entre 1.000 et 6.000 euros.
Une nuisance enfin prise au sérieux par les autorités locales et le secteur touristique
Le ministre régional de l’économie, du tourisme et de l’emploi “Consejero de modelo económico, turismo y trabajo del Govern”, Iago Negueruela, a présenté ce nouveau décret-loi le vendredi 17 janvier 2020. Valable pendant 5 ans, il sera applicable une semaine après sa publication dans le BOIB (Boletín oficial de las islas Baleares).
Il s’agit selon le ministre “ de la première règle en Europe pour limiter la promotion et la vente d’alcool dans certaines zones et les comportements antisociaux dans les hôtels suite au dialogue approfondi entre le Govern Balear et le secteur des affaires et du tourisme”.
Iago Negueruela espère que ces mesures auront un effet positif, bien qu’il soit conscient que cela aura un impact international important et que le plan de communication mis en place pour les médias nationaux et internationaux doit être accompli et intelligible : “Nous expliquerons cette mesure à Londres et Berlin et travaillerons avec les consulats et les ambassades, conscients également du problème”.
La présidente de la Fédération hôtelière de Majorque, María Frontera. a exigé que le décret soit doté de ressources humaines suffisantes et que des campagnes d’inspection soient menées afin que la mesure ait un effet réel.
De même, le président de l’association des chaînes hôtelières des Baléares, Gabriel Llovera a, pour sa part, appelé à la vigilance pour que ces comportements qui sont destinés à être éradiqués, ne soient pas transférés à d’autres zones.

Par ailleurs, La présidente du Govern Balear, Francina Armengol, a dénoncé dans un tweet largement diffusé dans les médias que “le tourisme de la démesure dégrade l’image de la communauté. Nous faisons un pas fondamental vers l’éradication de ces comportement incivils en approuvant le premier règlement européen contre le tourisme d’ivresse”.
Les îles Baléares sont ainsi devenues, selon les propos du ministre Negueruela, une destination pionnière dans la lutte contre le tourisme excessif avec une norme conforme aux objectifs de développement durable (ODS) et à l’Agenda Baléares 2030.
Crédits texte et photos: La vanguardia.com, El Pais, 20minutos.es
Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.