Une expat à Majorque : Susanne
Professeur de Yoga et écrivaine franco-allemande, Susanne est venue, est partie puis revenue. Personne n'échappe aux charmes ensorcelants de Majorque !

Depuis combien de temps résidez-vous sur l’île ?
J’habite à Binissalem depuis octobre 2020, je suis donc arrivée en pleine pandémie, ayant eu l’opportunité de vendre ma maison à Paris et ainsi de réaliser mon rêve de revenir sur l’île. J’en suis à ma deuxième tentative de m’installer sur l’île. J’y ai déjà vécu un an, en 2012, j’avais alors un petit studio de yoga à San Agustin, certains francophones de l’île s’en souviennent.
J’avais monté un petit groupe de yoga sur la plage à Palmanova suite à une rencontre du groupe Facebook « Les Frenchies de Mallorca ». C’est d’ailleurs par ce petit groupe de yoga que j’avais rencontré Alexandra Cardozo de la PIAF.
Avez-vous une activité professionnelle à Majorque ?
Je suis autonoma en tant que traductrice (français-allemand, car je suis d’origine allemande), j’ai donc la chance de pouvoir travailler de chez moi pour des clients dans d’autres pays européens. Je profite de presque vingt ans d’expérience professionnelle, notamment à la Commission européenne et à l’OCDE. Par ailleurs, sous ma casquette d’enseignante de yoga spécialisée dans le domaine de la santé féminine, je suis l’auteur d’un livre qui a été traduit en espagnol sous le titre Hormonas en Armonía.
L’original en français s’appelle Hormones en Harmonie, la vie féminine au naturel (www.susanne-haegele.com, version espagnole : www.hormonasenarmonia.com ). Ce livre m’amène par exemple à donner des conférences et des ateliers à titre bénévole, comme ce sera le cas vendredi 28 mai à 18h30 à travers l’association Binidones, ici à Binissalem, à la maison de la culture, Can Gelabert.
Pourquoi Majorque ?
Pour toutes les raisons citées dans mes autres réponses et aussi parce que je m’y suis fait des amies en 2012, et à mon propre étonnement nous sommes restées proches. Depuis plusieurs années je passais presque toutes mes vacances ici, avec l’envie grandissante de revenir pour de bon.
Comment s’est passée votre intégration ? Des surprises ?
L’administration est devenue encore plus complexe, notamment en raison de la situation sanitaire bien-sûr, mais pas seulement. J’ai été obligée de me faire aider pour mes démarches, ce qui n’était pas nécessaire la dernière fois, alors que je parle beaucoup mieux l’espagnol maintenant.
À part cela, tout se passe super bien, j’ai eu la chance de m’intégrer rapidement dans mon village grâce aux associations et aux activités de travaux manuels. J’ai rencontré de nouvelles copines en découvrant la llata (tressage de panier, à travers AnticMallorca), le macramé et le filage de laine (par l’association Llanaviva qui propose des activités autour de la laine des moutons majorquins).
Parler l’espagnol aide énormément. Prochain défi : apprendre le majorquin. Le français aide pas mal pour cela, mine de rien.
Qu’est-ce qui vous manque de la France ou autre pays d’origine ?
Franchement, je suis assez fan du statut d’auto-entrepreneur en France, qui est souvent critiqué, mais qui m’allait comme un gant, et même si tout le monde déteste l’administration française, elle est tout de même plus facile à naviguer que l’espagnole. Par exemple, ici, chaque autonomo a forcément un gestor, en France on peut très bien se débrouiller seul.
Que regrettez-vous le moins de votre pays d’origine ?
J’ai habité quatre ans à Londres avant d’arriver ici, ce n’est pas mon pays d’origine mais le dernier où j’ai habité. La vie londonienne est très influencée par la culture américaine du ‘To-Go’, tout est à emporter ou à livrer à domicile, avec énormément de déchets d’emballage et trop d’anonymat.
J’aime le fait qu’ici on prenne le temps de s’asseoir pour déguster son café et qu’on connait les marchands chez qui on fait ses courses, mêmes les caissières du supermarché et le postier sont sympathiques.
Le plus de Majorque pour vous ? (réponse soleil interdite !)
Tout d’abord ce mélange très bien dosé entre culture et nature, plage et montagne, et ces oliviers si vieux au tronc noueux, tous différents. Et puis le mélange des cultures. Je veille à ne pas être enfermée dans des cercles d’expatriés, j’ai des amis majorquins et étrangers, mais justement, on trouve de tout ici, beaucoup d’artistes aussi. C’est une communauté où on rencontre sans arrêt des gens intéressants venus de tous horizons.
Le moins ?
C’est un peu débile à dire, mais comme c’est une île, on dépend de l’avion et du ferry pour voyager, ce qui est contraignant. En même temps, si ce n’était pas une île, il y aurait ENCORE PLUS de monde en temps normal !
Votre coup de cœur à Majorque ?
Mon village, Binissalem, au cœur du domaine viticole. Situé au pied de la Tramuntana, il est à une demi-heure de train de Palma, il a plein de petits magasins, de bars et de restaurants, de bonnes écoles, on y trouve tout ce dont j’ai besoin, avec une vie associative très diversifiée, et il y a même plusieurs centres de yoga !
Pa amb oli ou Arroz brut ?
Pa amb oli sans hésitation, je ne mange pas de viande. J’adore la version Pa amb oli tomate-fromage de Mahon avec des olives cassées à côté.
Votre endroit préféré pour prendre un verre avec les amis ?
Les bars de Binissalem, autour de l’église.
Randonnée ou Beach club ?
Randonnée absolument, tous les dimanches, soit chez moi à Binissalem, soit dans d’autres coins, notamment à Campanet et Puigpunyent. Les paysages sont si beaux et variés !
Palma ou Campagne ?
Campagne, c’est un choix délibéré, l’ambiance est très différente dans les villages et notamment loin de la côte. J’ai besoin de calme, de vues dégagées et d’air pur, et ne supporte plus de vivre dans un environnement urbain après de longues années à Paris et Londres.
Cela dit, j’aime me rendre à Palma en train et je me dis à chaque fois que c’est la ville parfaite, elle a tout : juste la bonne taille, le front de mer, des magasins et musées extra, une belle gastronomie, une architecture que j’adore et qui rappelle l’Italie, une histoire fascinante.
Un mot ou deux pour définir Majorque
Toute la Méditerranée concentrée sur une petite île ! Les plages, la montagne, la culture, une histoire millénaire, les oliviers, les moutons, le bon vin.
Un mot ou deux pour définir la PIAF
Un organisme utile, impressionnant par son dynamisme ! J’aime votre présence sur les réseaux sociaux et le travail que vous faites pour présenter Majorque en français. Si la PIAF n’existait pas, il faudrait l’inventer ! Bravo.
Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.