Portrait d’Expats : Alexandra et Loïs
Entre oliviers et orangers avec la Serra de Tramuntana en toile de fond, Casa Limbella est un rêve devenu une belle réalité pour Alexandra et Lois, professionnels de l’expatriation !

Connecté avec Majorque depuis l’enfance, Loïs a voulu y fonder son refuge avec Alexandra après des années d’expatriation dans le monde entier. C’est ainsi que Casa Limbella a vu le jour du côté d’Algaída.
Avant Majorque, à quoi ressemblait votre vie ?
Alexandra : Loïs et moi, nous nous sommes rencontrés à Paris, Loïs travaillait pour Kodak et moi pour France Télévisions. Après la naissance de notre deuxième enfant, Louis, nous avons commencé notre aventure d’expats avec les États-Unis, puis l’Allemagne, la Suisse, Singapour, le Japon, Shangaï, de nouveau Singapour et enfin Panama.
Avec Loïs qui voyageait continuellement, j’étais chargée de toute la logistique (déménagement, intégration, vie quotidienne, etc.) et à chaque nouvelle expatriation (sauf en Suisse..), j’ai participé à des organisations caritatives du pays, Nous avions vraiment une vie à 100 à l’heure !
Loïs : C’est vrai, nous étions toujours en mouvement. Puis à un moment donné, Victoria notre fille aînée est partie faire ses études à Londres ; Alexandra était seule avec Louis à Singapour car je passais ma vie dans les avions. À l’époque, j’avais 150 pays et 4.000 personnes à gérer pour une société qui devait se réinventer. C’était devenu épuisant.
En 2016, après que Louis ait passé son bac, j’ai pris la décision de démissionner de Kodak. Nous sommes quand même repartis 2 ans à Panama pour une autre société puis le Covid nous a incité à nous installer définitivement ici.
Alexandra : Nous avions toujours gardé un appartement à Paris “au cas où”. Tous les ans pendant les fêtes de fin d’année, je faisais le tour de France avec mes enfants pour visiter la famille et Loïs venait nous rejoindre pour quelques jours. Les expats connaissent bien ce fameux tour de France annuel !!
Avec la démission de Loïs nous avons eu envie de trouver une maison familiale, un point d’ancrage, pour notre future retraite. Nous avons fait des allers-retours en Europe pendant deux ans pour trouver la perle rare.

Pourquoi avoir choisi Majorque ?
Alexandra : Au départ, Loïs voulait faire du vin, nous avons donc commencé à chercher du côté de Bordeaux.
Loïs : On a visité des vignobles magnifiques mais, quelque part, on savait qu’après tant d’expatriations, souvent dans des pays plutôt ensoleillés, nous avions besoin d’un climat chaud et lumineux. La Grèce nous a beaucoup tenté, on a même failli acheter une petite île !
Mais nous voulions aussi une grande ville dans les environs. Nous sommes très citadins dans l’âme. Prendre un café en terrasse, entendre le brouhaha urbain, c’est paradoxal avec la vie que nous avons maintenant, mais ça fait aussi partie de notre ADN !
Majorque n’était pas dans notre liste ; et pourtant, j’y ai passé les meilleurs étés de mon enfance !
Un jour, nous étions dans le Bordelais pour visiter un vignoble en vente, la visite s’annule. Nous avions 6 jours avant de repartir et j’ai eu un flash. Pourquoi ne pas passer quelques jours à Majorque ?
Alexandra : C’est vrai, nous connaissions très bien l’île surtout Loïs, mais nous avions un souvenir de Palma comme une petite ville provinciale peu cosmopolite. Quel changement ! Quelle magnifique surprise ! On est complètement tombés sous le charme !
Loïs : Nous y sommes restés 5 jours. En repartant, nous avions loué un appartement dans le quartier de Santa-Catalina pour 2 ans et acheté une moto !! Bon, dans l’avion de retour à Singapour, on s’est dit qu’on s’était peut-être un peu emballé … mais par la suite, toute la famille a adoré ce refuge, et nous avons renoué avec la magie de Majorque.
Mes grands-parents avaient acheté une maison vers Cala D’or au début des années 50. J’y ai passé les mois d’été de ma petite enfance jusqu’à l’âge adulte. Des souvenirs inoubliables de vacances au paradis avec mes cousins, dans une liberté absolue avec des grands-parents exceptionnels : ma grand-mère a fait du ski nautique jusqu’à 86 ans !!
En 2017 vous devenez propriétaires de “Can Loïs” comme l’appellent les gens du coin. Comment s’est passée la transition de Santa Catalina à Algaída ?
Loïs : En revenant régulièrement dans cet appartement à Palma, on en a profité pour explorer l’île à moto et rechercher ce qui ressemblait le plus à notre rêve : un coin de campagne à la mer.
Lors d’une pause café à Algaída, nous avons vu une annonce qui nous a plus dans une agence immobilière. Une heure après, on visitait l’endroit. Des dizaines de jeunes oliviers avaient été plantés récemment, une petite maison toute en pierre, une vue incroyable sur la Serra de Tramuntana. Coup de foudre total …
Il a fallu plus d’un an de pourparlers avec le propriétaire pour enfin nous installer dans notre nouveau paradis avec notre projet en tête : On allait faire de l’huile d’olive !
Alexandra : Nous avons eu la chance de rencontrer à chaque fois les bonnes personnes. Tout a fonctionné en réseau avec des professionnels locaux. De l’avocat au gestor en passant par le constructeur, l’électricien ou le plombier, tous se connaissaient, vivaient dans un rayon de 10 km. Une confiance mutuelle s’est rapidement installée et nous nous sentons totalement acceptés et intégrés.

Comment est née Casa Limbella ?
Loïs : En venant vivre ici, on voulait participer à la vie locale, apporter notre contribution à l’économie. on a eu envie de laisser l’ordinateur pour le tracteur et devenir oléiculteurs ! Nous avons replanté des centaines d’oliviers sur le terrain, certains destinés à finir en bois de chauffage !
Dans une finca de la Serra de Tramuntana, un propriétaire avait décidé de planter des vignes et donc devait déraciner beaucoup de jeunes oliviers. En 2 jours nous avons organisé la logistique pour les transporter jusqu’ici et les replanter ! Nous aimons chaque arbre et passons beaucoup de temps à les entretenir jusqu’au début du mois d’octobre où a lieu la récolte à la main. Pas de machine à secouer les arbres chez nous !
Pour nous, nos oliviers sont plus que de simples arbres, nous aimons chacun d’entre eux. L’olivier te rend tout l’amour que tu lui donnes. Quand tu le soignes, tu vois la différence en quelques jours, il embellit.
Alexandra : Casa Limbella, c’est énormément de travail personnel, un engagement de tous les jours qui nous rend heureux ! Pour la récolte, nous réunissons nos amis : ceux rencontrés au gré de nos expatriations et ceux d’ici, un vrai melting pot de nationalités et d’âges ! Tout ce petit monde se retrouve et échange pour une ou deux journées exceptionnelles. Ensuite nos olives partent à Sóller pour être rapidement pressées et mises en bouteille.
Quelle est votre philosophie en tant que producteur ?
Loïs : Respecter et faire connaître les produits de l’île, les sublimer en fait. Notre produit phare est bien sûr l’huile d’olive, ensuite nous créons des dérivés comme de la confiture d’olives, des tapenades (sans anchois), des amandes dorées, des sels parfumés et quelques surprises que nous sommes en train de mettre au point. Tout cela sous le nom de Casa Limbella.
Un nom inventé par notre fils qui signait ses dessins ainsi quand il était petit… sans savoir pourquoi. En fait, c’est le nom d’une plante qui pousse dans le nord du continent, avec des sonorités plutôt méditerranéennes, ça nous allait !

Alexandra : En gros, notre philosophie est de faire plusieurs petites séries avec des huiles différentes car nous avons plusieurs variétés d’arbres, on fait nos propres assemblages.
Même si nous respectons au maximum les processus de croissance, récolte et fabrication les plus naturels possible, nous ne voulons pas du label Bio qui est très contraignant administrativement.
Nous n’utilisons pas d’herbicides ni de pesticides et nous sommes en permaculture ; nous avons des ruches pour la pollinisation et nous ne labourons pas nos sols afin que la flore se développe naturellement et que l’humidité se conserve.
Où trouver vos produits ?
Au départ, on ne voulait pas en vendre sur place. On avait remarqué qu’il n’y avait jamais d’huile d’olive de Majorque dans les épiceries fines en France. Nous la commercialisons donc à La Baule, Lyon, Fontainebleau ou Paris. Exclusivement chez des commerçants spécialisés avec qui on a sympathisé à chaque fois. Un point très important pour nous c’est pourquoi ici, nous la vendons à la Maison Legrix à Palma, grâce à une conversation amicale autour de l’achat d’une tarte au citron ! Paul et Florence ont la même philosophie que la nôtre, ils exercent leur métier avec amour.
Dans 5/10 ans, comment imaginez-vous Casa Limbella ?
Alexandra : J’aime l’idée que Casa Limbella reste à taille humaine, mais c’est difficile à un certain moment de dire non à un marché qui évolue donc, ce n’est pas encore une question qui se pose. Je ne sais pas si nos enfants seront intéressés pour prendre le relais.
Loïs : On n’a aucune pression, on imagine que quelqu’un reprendra le flambeau si nous sommes fatigués. Pour le moment, l’idée n’est pas d’avoir des milliers d’oliviers et de produire plus. Ici, il y a un nombre incroyable de matières premières de qualité et une culture culinaire riche. Pourquoi pas créer un catalogue de produits de Majorque pour l’exportation vers des marchés asiatiques par exemple ? Pour le moment nous n’avons pas les volumes pour produire plus. On verra !
Quand vous n’êtes pas entre vos oliviers, que faites-vous à Majorque ?
On aime partir en moto, prendre un café en terrasse dans un petit village.
Nous sommes “socios” du Real Club Nautico de Palma depuis des années et nous aimons y aller pour faire du sport puis déjeuner à la Mirona Calle San Jaume, un restaurant avec une cuisine à la fois créative et réconfortante puis ensuite partir à la découverte de la vieille ville de Palma. On ne se lasse pas de cette ville !

Quels sont vos coins préférés de l’île ?
On adore aller à Randa. Depuis chez nous, il y a une belle balade de 3h qui nous y emmène. Une fois arrivés, la vue est époustouflante. Porto Colom et son vieux quartier, un village plein de charme ou Porto Petro même en été, un petit coin agréable.
Vous recevez des amis qui ne connaissent pas Majorque, vous faites quoi pour les épater ? Des restaurants à nous recommander ?
En été, on donne la priorité au bateau, on peut ainsi accéder à des criques plus sauvages car difficile d’accès à pied. Cala Marmols fait toujours son petit effet sur nos copains !
Après, des randonnées vers le Sanctuaire de la Mare de Deu à Pollença ou le Sanctuaire Montessió de Porreres.
Question restaurant, un de nos préférés est le Mirador de La Victoria avec une vue imprenable sur toute la baie d’Alcúdia. On y mange une cuisine traditionnelle majorquine délicieuse. La route pour y aller est charmante et la petite église dans les pins au-dessus de la mer est magnifique. Chaque fois que nous y emmenons des amis, ils sont séduits comme lorsque nous descendons à Cala Deía pour du poisson à Cas Patro March.
Et pas loin de chez nous, il y a un “restaurant d’autoroute” sur la route de Manacor, Es Cruce. Un endroit tellement typique et familial. Une ambiance qui fait toujours son effet quand on y amène nos amis.
À partir du mois de Mai, une fois par semaine, une visite de l’oliveraie sera organisée avec dégustation d’huile d’olive et d’autres produits de Casa Limbella et d’autres producteurs des environs. Consultez la page web de Casa Limbella pour plus d’infos.
Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.