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Le tourisme de santé à Majorque

Pour Santiago Mascaró, directeur commercial de Juaneda hospitales, les îles Baléares ont tout pour réussir le développement du tourisme de santé.

Dray & Partners
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Santiago Mascaró est le directeur commercial de Juaneda Hospitales et un expert en tourisme de santé. Il nous explique dans cette entrevue pourquoi ces services de santé, qu’ils soient ou non combinés à un séjour touristique, peuvent se développer avec succès à Majorque et particulièrement au sein de Juaneda Hospitales.

Qu’est-ce que le tourisme de santé ?

Le tourisme de santé, ce sont des personnes qui se rendent dans une destination étrangère dans le but de résoudre un problème de santé, qu’il s’agisse d’une intervention chirurgicale, d’un traitement esthétique ou de fertilité, de thérapies de bien-être, ou d’autres traitements. 

Il faut faire la différence avec le concept de santé touristique qui consiste à couvrir tous les besoins de santé des millions de touristes qui viennent nous rendre visite. Un domaine dans lequel aux Baléares, nous sommes hautement professionnalisés.

Juaneda Hospitales en assume depuis plus de 30 ans le leadership, non seulement du point de vue de l’assistance, mais aussi du point de vue des services administratifs, des interprètes, etc. Il faut donc différencier ces deux blocs : le tourisme de santé et la santé du touriste.

Santiago Mascaró, directeur commercial de Juaneda Hospitales

 L’une des grandes perspectives ouvertes par le tourisme de santé était la désaisonnalisation. Comment ces attentes ont-elles évolué ?

Il y a huit ou dix ans, il y a eu un boom étant donné qu’en Europe il y avait une série de pays avec des listes d’attente très longues, où la chirurgie esthétique avait des prix beaucoup plus élevés, où les traitements de fertilité pouvaient présenter des problèmes juridiques qui n’existaient pas ici.

À cette époque, l’ASPE (l’Alliance espagnole des soins de santé privés) a créé un groupe, Spaincares, à partir duquel nous avons commencé à promouvoir des initiatives au niveau international.

D’autres pays, la Turquie, le Mexique, la Thaïlande, ont réussi à canaliser les flux de tourisme de santé et ne sont pas des puissances en termes d’excellence sanitaire, comme l’Espagne peut l’être.  Alors, que se passe-t-il aux Baléares ?

Alors que dans d’autres pays européens, comme la France ou la Grande-Bretagne, de nombreux traitements privés sont plus chers qu’ici, en Espagne nous souffrons de la concurrence de ces pays qui ont réussi à développer leur offre. Même si parfois le coût de frais postopératoires imprévus peut augmenter la facture. Ici, ce secteur d’activité ne s’est pas encore développé conformément au potentiel que nous pensons qu’il a.

Il est intéressant que vous mettiez en garde contre les risques de besoins post-chirurgicaux que les patients peuvent rencontrer à leur retour chez eux.

Parmi les cas dont nous pouvons parler, le plus proche est celui de la Turquie. Il est évident qu’un traitement de greffe de cheveux implique une période postopératoire. S’il est réalisé, par exemple, en Turquie, et que tout se passe bien, il n’y a pas de problème et vous bénéficiez d’un meilleur prix. 

Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas et lorsque des effets secondaires apparaissent et qu’il faut retourner en Turquie pour le traitement, c’est déjà un problème (plus de billets d’avion, plus de nuits d’hôtel, plus de frais). Dans ce cas, les patients concernés s’adressent à des professionnels en Espagne et doivent payer des frais auxquels ils ne s’attendaient pas et qui sont également plus élevés qu’en Turquie. 

L’établissement hospitalier privé des Baléares est-il prêt à faire face à une éventuelle augmentation des flux de tourisme de santé ou faudra-t-il réaliser des investissements supplémentaires ?

Aujourd’hui et après la pandémie, le volume de tourisme de santé qui pourrait être généré ne nous amène pas à devoir faire de gros investissements. Aux Baléares, les soins de santé privés offrent un niveau très élevé. Nous sommes prêts à assumer ces flux  sachant que les touristes de santé ne viennent pas nécessairement en haute saison. D’où le potentiel de cette ligne d’activité pour réduire les fluctuations saisonnières.

Les îles Baléares sont-elles compétitives pour offrir des services de santé privés à ces « touristes de santé » ?

Nous sommes très compétitifs dans la mesure où nous disposons de marques très prestigieuses, mais pas tellement en termes de prix. Cet aspect a été étudié avec les professionnels et nous sommes tous arrivés à la conclusion que les tarifs actuels doivent être respectés parce que c’est le moyen de garantir une excellence qui ne peut pas toujours être garantie de la même manière ailleurs. 

Malgré cela, nos prix sont inférieurs à ceux de nombreux pays émetteurs potentiels. 

Les patients peuvent choisir, car le marché est mondial et libre, mais ici, aux Baléares, nous ne nous lancerons pas dans une guerre des prix pour rivaliser sur le marché du tourisme de santé. Nous préférons garantir l’excellence de nos résultats.

Quels sont les traitements traditionnellement les plus demandés par le tourisme de santé ?

Avant la pandémie, le tourisme de santé était très actif dans le domaine de la fertilité, et plus particulièrement en Juaneda Fertility. 72 % de nos  traitements ont été effectués par des étrangers qui venaient grâce au bouche à oreille ou parce qu’ils avaient des problèmes légaux dans leur pays qu’ils ne trouvaient pas en Espagne. 

Les connexions aériennes des Baléares avec toute l’Europe rendent très pratique le fait de venir à Majorque pour un traitement. À Juaneda Hospitales nous leur avons également proposé différents types d’hébergement, d’un hôtel près de Palma, à un Airbnb, en passant par des résidences dans la périphérie. Cette demande de services a chuté avec la pandémie, et nous n’avons pas encore atteint les niveaux d’avant la pandémie.

Quelles sont les perspectives d’avenir à l’heure actuelle ?

Après tout ce qui s’est passé, nous sommes pratiquement revenus au point de départ. Nous allons relancer les initiatives de promotion du tourisme de santé dans les salons, en essayant de récupérer le pavillon du tourisme de santé qui a été créé à Fitur en 2015 et qui a eu beaucoup de succès pendant trois ans. Nous recommençons et nous devons être conscients qu’il s’agit d’un processus lent, mais nous y parviendrons.

Laurence Griffon

Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano. Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.

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