Majorque est surprenante et de belles aventures humaines s’y déroulent, discrètes et bienveillantes comme le sont ces habitants.
Voici l’histoire d’un majorquin Guillem Ferrer, qui fut longtemps responsable du design de la marque majorquine mondialement connue Camper.
En 1998, il donne un tournant à sa vie en créant le mouvement Poc a poc qui « inspire, anime et crée des actions locales pour le soin de la terre, de l’âme et de la société » et la fondation « Educació per a vida »
Une aventure où nature et spiritualité s’unissent
Guillem Ferrer veut remettre au goût du jour, une approche plus spirituelle de la marche et la découverte de la nature.
En 2017, il publie un livre en 7 tomes « Cami de Lluc », une invitation à faire le tour de l’île en pèlerins de la terre. Ce ne sont pas des livres de randonnées ordinaires, les dessins, les textes, les photos ont un charme singulier.
L’origine de ces 7 chemins de pèlerinage à Majorque remonte au XIIIº siècle. Ils commencent tous au bord de la mer, symbole de naissance de toute vie, et culminent à Lluc, forêt sacrée, où la vie est autosuffisante et où les cycles naturels se succèdent harmonieusement.
La renaissance du Cami de Lluc part d’une idée holistique cherchant à unir l’économie locale (agriculture bio, artisanat, gastronomie, petites entreprises, culture, hébergement), l’éducation pour éveiller notre vraie nature et faire de nous de meilleurs êtres humains
L’écologie qui signifie etymolgiquement la connaissance de la maison c’est-à-dire du lieu où nous vivons et la spiritualité, qui cherche à éveiller nos consciences sur notre origine et notre attitude vis-à-vis de la terre qui nous accueille.
Le but du Cami de Lluc n’est pas d’attirer encore plus de touristes, mais de participer à la transition vers une île plus durable et donc plus accueillante.
A la découverte de vous-même
Les 7 chemins de Lluc sont définitivement différents d’une randonnée type GR221 ou GR222.
Les 7 tomes du Cami de Lluc ont cette particularité qu’ils se lisent de droite à gauche, le premier chapitre commençant par la dernière page, symbole du chemin qui va de l’extérieur vers l’intérieur. Ce sont donc des marches à entreprendre avec un état d’esprit disposé à s’ouvrir et apprendre.
Même si vous pouvez parcourir toutes vos randonnées avec une approche similaire, elle est ici indispensable pour apprécier la vraie dimension du chemin de Lluc : Découvrir qui nous sommes en marchant.
L’approche spirituelle ne doit pas être confondue avec une approche religieuse. Ce que vous demande d’expérimenter Guillem Ferrer, c’est l’abandon à l’instant présent. Il vous faudra oublier la connaissance, ne rien attendre de particulier, juste laisser résonner en vous la beauté de cette Majorque inconnue.
A pied, vous trouverez des sentiers, des grottes, des montagnes, des plages, des ruisseaux, des ponts, des forêts, des fermes, des animaux, plus de 50 villages oubliés des guides touristiques, des petits ermitages, des vestiges préhistoriques etc., tous sont sur votre chemin pour vous ouvrir les yeux et le cœur.
Parfois ils éveilleront votre admiration et parfois votre compassion. Vous traverserez des zones d’une beauté incroyable puis des chemins moins beaux, des routes où les voitures vous dépasseront, des zones exclues, oubliées loin des sentiers touristiques typiques.
L’évolution de la société a modifié le paysage et vous observerez des blessures du paysage, des chemins mal entretenus, de l’asphalte et même des déchets abandonnés par des passants irréfléchis. Pensez alors à ce que vous pouvez faire pour rendre cet endroit plus beau, plus propre et plus accessible.
Majorque, cette terre que vous traversez, est une île de transformation, sa beauté est là, offerte à votre plaisir : Figuiers, Oliviers, Amandiers, Orangers, Kakis, prairie où paissent les moutons, murs de pierres sèches, forêts aux odeurs pénétrantes et vivifiantes.
Elle est un jardin où seul le pèlerin peut voir sa vraie dimension. Honorez-la à chaque pas et souriez à ceux que vous rencontrez, voilà le message simple de Guillem Ferrer.
Comment entreprendre le Cami de Lluc
Vous pouvez marcher seul, en famille, avec des amis mais aussi avec de parfaits inconnus qui partagent vos aspirations. Step, un franco-majorquin a créé en 2018 un groupe de marche, Pizca de cami de Lluc.
Il avait déjà fondé en 2015, Pizca de ciencia, des rencontres informelles autour d’un verre pour les amoureux de la science et désireux de discuter, partager, réfléchir et passer un bon moment.
En 2018, le groupe a parcouru le chemin de Ses Salines en plusieurs étapes tel qu’il est décrit dans le livre. Un message sur whatsapp, une date, une étape, une semaine avant la logistique se met en place et le groupe se retrouve le jour J.
Il est toujours fluctuant, quelques habitués mais d’autres aussi qui viennent faire cette expérience de partage et convivialité le temps d’une journée. On marche ensemble, on discute ou on reste silencieux, mais on ouvre les yeux, on respire et on s’imprègne de ce petit paradis qu’est Majorque.
Sur wikiloc, sous le pseudonyme de Jostep04, Step fait un récit descriptif de l’excursion ainsi vous avez toutes les infos utiles pour la faire de votre côté. Bien évidemment le mieux est d’acheter le coffret des 7 chemins (disponible individuellement également) mais il n’existe pas encore en français…
Vous pourrez les acheter sur le site Cami de Lluc, dans quelques librairies de l’île. À Palma : La libreria del Savoy, Drac Magic, libreria Quart Creixent, Libreria Embat et la Bilbioteca de Babel, à Inca : Espirafocs, Univers literari, Son Figuerola et Son Catui, à Manacor : Sa Teulera et à Artá : Naturalia Artá,
Le pèlerinage du chemin de Lluc
Crédits : TrailRunningMallorca.es, Caminando por Mallorca
Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.
