Villes et villages

Le village de Pollença à Majorque

Située à l’extrême Nord-Ouest de l’île, à à peine une heure de Palma,la commune de Pollença fait partie de la comarque de la Serra de Tramuntana et se déploie au pied des monts Puig de Pollença et Calvari.

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On retrouve des traces de la fondation de Pollença depuis la Préhistoire. Occupée successivement par les romains, chassés en 425 après J.C lorsque les vandales avec à leur tête le roi Gunderic ont envahi et détruit Pollentia.

Puis ce sont les musulmans qui se sont installés à  Majorque, chassés en 1229 par  Jaume I, roi d’Aragon. C’est donc au XIIIº siècle que se développe le véritable centre urbain que nous connaissons aujourd’hui. 

 Pollença a le charme des petits villages de montagne. Les ruelles et les escaliers s’enchevêtrent pour remonter vers les collines et offrir de magnifiques vues sur les environs.

Un superbe patrimoine historique

Pollença a su préserver son caractère en dépit d’une grande activité touristique et il faut se perdre dans ses rues et se laisser surprendre par les nombreux trésors architecturaux qui s’y trouvent.

L’église Nostra Senyora dels Àngels

L’église principale Nostra Senyora dels Angels fondée en 1236 sur les fondations d’un ancien temple gréco-romain a été remise aux Templiers par le roi Jaume I, en 1240 en reconnaissance de l’aide qu’ils ont apportée lors de la conquête de Majorque.
Une fois l’Ordre des Templiers dissous en 1312, toutes ses propriétés, y compris cette église, passèrent entre les mains de l’Ordre des Hospitaliers, connu plus tard sous le nom d’Ordre de Malte, où elle resta jusqu’en 1836.

Seules les premières sections du clocher ont conservé leur aspect d’origine. L’église d’aujourd’hui a été construite entre 1714 et 1790. Sur l’autel principal se trouve un retable baroque dédié à la Mare de Déu dels Àngels (Notre-Dame des Anges) la patronne de la ville fêtée le 2 août.

Elle héberge également 14 tableaux représentant le chemin de croix. 8 de ces peintures ont été réalisées par l’Argentin Atilio Boveri, l’un des nombreux peintres qui se sont installés à Pollença au début du XXe siècle, attirés par sa lumière et sa tranquillité, et dont certaines œuvres se trouvent au musée de la ville.

Elle se situe sur la Plaça Major, construite au XIXº siècle pour offrir un espace de rencontre plus grand aux Pollençins, dont la population ne cessait d’augmenter.

Plaça Vella et Can LLobera

La Plaça Vella était le centre névralgique de Pollença jusqu’à la construction en 1857 de l’actuelle Plaça Major. En fait, son nom est relativement moderne, puisqu’elle était autrefois dénommée Plaça Major ou Plaça Reial.

Son existence est connue depuis l’époque médiévale, de sorte que la place et les rues qui l’entourent font partie du centre ville d’origine.   

Can Llobera sur la Plaça Vella

 C’est ici que se trouve Can Llobera, appartenant à l’une des familles les plus importantes de la ville. Connue depuis le XVIº siècle, son aspect actuel est le résultat de 2 grandes réformes réalisées tout au long du XIXe siècle, dont un de ses éléments les plus caractéristiques est un majestueux escalier impérial qui relie le rez-de-chaussée au 1º étage. Elle appartient désormais à  la mairie de Pollença.

Plaça de l’Almoina

Son nom signifie aumône, car c’est là que se trouvait la maison qui a longtemps servi à stocker et à distribuer l’argent et le blé que la municipalité offrait aux plus pauvres de la ville. 

La fontaine qui trône sur la place a été construite en 1827 dans le cadre du premier ensemble de fontaines publiques de la ville, alimenté par une source située sur le domaine des Ternelles, appartenant à l’une des familles les plus connues de Pollença, la famille Desbrull.

La fontaine au coq

Le coq situé au sommet de la fontaine est le symbole de Pollença depuis l’époque médiévale et figure sur les armoiries de la ville avec 3 cyprès. 

On pense que cet animal a été choisi comme symbole car on croyait à tort que le nom de Pollença dérivait de pollen (jeune coq en catalan), alors qu’en fait il dérive de Pollentia.

Une image de Sant Vincenç Ferrer que l’on peut voir sur l’une des façades de la place, rappelle également que ce saint y a prêché en 1413.

Le couvent Sant Domingo, témoin de la culture locale

Cet édifice baroque a été érigé par les dominicains entre 1558 et 1616 dans le but de renforcer leur présence dans cette partie de l’île.
Le bâtiment est formé de l’église Nostra Senyora del Roser où repose Joan Mas, un héros local ayant repoussé l’attaque des Maures en 1550.

il a été conçu comme une basilique et possède 10 chapelles latérales, La plus importante est sans doute celle qui préside l’église, qui a été réalisée entre 1651 et 1662 par le sculpteur majorquin Joan Antoni Oms, et qui est dédiée à la Vierge du Rosaire, patronne des Dominicains.

Le couvent de Santo domingo

À côté de l’église se trouve le joyau de cet édifice avec ses 4 couloirs à portique, le couvent Santo Domingo.
En 1833 les Dominicains quittèrent le couvent et quelques années plus tard, l’État le céda à la mairie de Pollença.

Depuis lors, il a été utilisé à de nombreuses fins, de l’hospice à la caserne de la Garde civile, en passant par l’école, la bibliothèque et actuellement, le musée municipal abritant une collection d’art gothique, d’art contemporain, un mandala bouddhiste, une salle de céramiques et une salle de Préhistoire.

Le couvent accueille chaque été, le festival de musique de Pollença. Cet événement rassemble les meilleurs orchestres, chœurs et chanteur-euses d’opéra du monde, qui apprécient non seulement le cadre magnifique mais aussi l’excellente acoustique de l’espace.

Le calvaire, symbole emblématique de Pollença

Les Templiers ont été les premiers propriétaires de cette montagne, qui abrite aujourd’hui l’une des traditions les plus impressionnantes de la Semaine Sainte majorquine.  

Le Calvaire qui débute au pied de « Carrer Jesús » permet d’accéder à l’ermitage du Mont Calvari d’où vous pourrez admirer un splendide panorama entre mer et montagne.

Les interminables marches du Calvaire

L’oratoire qui couronne aujourd’hui le Calvaire a été construit à la fin du XVIIIe siècle, bien que son aspect actuel corresponde à une restauration approfondie dans les années 1960.

 Composé de 365 impressionnantes marches, une pour chaque jour de l’année, il est flanqué de cyprès et de 14 croix de trois mètres de haut, qui rappellent le Calvaire selon la tradition chrétienne.

Le pont Romá, une origine mystérieuse

L’origine de ce pont de pierre qui traverse le torrent Sant Jordi est un mystère puisqu’il est connu sous le nom de Pont Romà seulement depuis le XIXe siècle, bien qu’il n’existe aucune trace de son existence avant 1403, date à laquelle il a été baptisé « Puente de Cubelles ».

Certains historiens pensent qu’il faisait partie d’une canalisation d’eau vers l’ancienne ville de Pollentia (l’actuelle Alcúdia) construite par les Romains, dont la présence à Majorque a commencé en 123 avant J.-C. avec la conquête de l’île par Quintus Caecilius Metellus.

Le pont Romá

Mais le fait que Pollença, la ville d’aujourd’hui, ne soit pas née à son emplacement actuel avant le XIIIe siècle fait douter d’autres historiens qu’à l’époque romaine, une telle construction ait été érigée dans un environnement où les habitants vivaient de façon dispersée.

Ils situent donc la naissance de ce pont à l’époque médiévale, probablement après la conquête de Majorque, lorsque Pollença était dominée par les Templiers. 

Romain ou pas, la vérité est que ce pont a été fondamental pour les habitants de Pollença, puisque jusqu’au XIXe siècle, c’était le seul pont qui leur permettait de traverser le ruisseau Sant Jordi en toute sécurité pendant les inondations. 

Les jardins de Joan March où se trouve la tour Desbrull et la statue de Joan Más, le héro local valent également le détour.

Une ville culturellement très active

Pollença est reconnue à Majorque comme la ville des artistes et ses nombreuses galeries d’art en sont les témoins.

Son marché artisanal du dimanche matin est l’un des plus prisé de l’île et il est très difficile de s’y promener en été tant la foule et la chaleur sont présentes. Mieux vaut s’y rendre tôt !

Depuis 1962, en juillet et en août se célèbre dans le cloître de Santo Domingo, un festival de musique qui jouit d’un rayonnement international. Il réunit des artistes de la scène classique, du jazz, du flamenco et du gospel.

Les fêtes traditionnelles de Pollença sont, parmi celle de l’île, les plus appréciées.

La Fira del vi existe depuis 2004 et réunit les amateurs et les professionnels dans le Cloître de Santo Domingo au mois d’avril.

La Fira de Pollença dont l’origine remonte à 1784, a normalement lieu le 2º dimanche de novembre dans les rues centrales de la ville et bien sûr dans le cloître. C’est un festival des meilleurs artisans et artistes de l’île ! 

Pi de Sant Antoni

Depuis des temps immémoriaux, l’une des traditions les plus typiques de Pollença est célébrée sur la Plaça Vella, le Pi de Sant Antoni « pin de Saint-Antoine ».

Tous les 17 janvier les pollençins se rendent au domaine des Ternelles à la recherche d’un pin de plus de 20 m de long qui a été coupé et taillé  quelques jours auparavant.

Ils ramènent l’arbre sur la Plaça Vella ce qui est très difficile en raison de l’étroitesse de certaines rues. Ensuite, le pin est soulevé par un système de cordes et de poulies qui le maintiennent en position verticale pour permettre la prochaine étape de la fête :

La montée du pin par des volontaires avec la seule aide de leurs mains sur  un tronc préalablement savonné pour mettre un peu de piquant ! Celui qui parvient le premier au sommet y décroche un panier contenant le symbole pollençin, un coq. Cela peut durer des heures…

Le pin reste planté dans cette place jusqu’au mercredi des Cendres et de son bois, seront fabriquées les épées utilisées dans une autre des grandes fêtes de Pollença : le simulacre de la bataille entre Maures et Chrétiens.

Le Davallament

À Pâques, la procession du Vendredi Saint , appelée le Davallament (Détachement de la Croix) est particulièrement riche en émotion. Dans la soirée, sont allumées des lampes à huile sur les 365 marches du Calvaire.

La procession menée par des pénitents cagoulés et coiffés de chapeaux pointus,les Nazaros, se met en marche avec la statue du Christ enveloppée d’un linge noir qui est ensuite portée jusqu’à l’église de Nostra Senyora dels Angels, patronne de la ville.

Elle se déroule dans un silence complet, éclairée par la lumière des torches portées par les membres des différentes confréries.

Corpus Christi

C’est au mois de juin que 2 jeunes filles vêtues de blanc symbolisant des aigles, emblème des Tisserands qui au Moyen-Âge organisaient la procession, sont parées de bijoux par les habitants et dansent dans les rue de la ville suivi de Sant Joan Pelós (Saint Jean Batiste).

Celui-ci  est représenté par un jeune homme vêtu de rouge qui danse devant les Aigles, le visage caché sous un masque et portant un agneau et une croix.

Moros y Cristianos

Mais s’il y a une fête qu’il ne faut pas manquer à Pollença, c’est bien celle de « Moros y Cristianos ». Elle a lieu le 2 août et raconte un épisode historique cher au cœur des Majorquins. Le 2 août 1550, l’amiral turc Dragut débarque sur les côtes majorquines et le cri de Joan Mas « Moros a terra !! » résonne pour donner l’alerte et le départ d’une spectaculaire bataille.

Les Pollençins se divisent en 2 camps, les chrétiens en blanc et les maures munis de sabres en bois, et se livrent à une bataille acharnée, sans violence, mais non moins impressionnante tant leur ferveur est grande. Heureusement de nos jours tout se termine par un feu d’artifice et de grandes rasades de Mesclat, un alcool traditionnel majorquin.

 

Idéalement située entre mer et montagne, Pollença et son port offrent de nombreuses activités de loisir

La majestuosité de la Serra de Tramuntana, patrimoine mondial de l’humanité depuis 2011, est sans aucun doute, la raison majeure de la popularité de cette partie de Majorque.

De nombreuses excursions passent par Pollença dont le fameux GR 221 ou route de la pierre sèche. Il est fortement conseillé d’aller visiter le Monastère de Puig Maria et les ruines du château « Castell del Rei », 500 m au-dessus du niveau de la mer.

À 6 km de la ville, Puerto Pollença est devenu la station balnéaire haut de gamme du nord de l’île. Ce lieu de villégiature s’étend le long de la Baie de Pollença déroulant un ruban de sable blanc avec en toile de fond les montagnes.

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Baie de Pollença

 Depuis le Port de Pollença part un sentier menant au « Mirador d’Es Colomer » en passant par le Val de Boquer. Cette randonnée dure près de 2h.

Il existe également de nombreuses randonnées à cheval, sans oublier toutes les activités nautiques proposées dans le port.

Le terrain de golf de Alcanada, à quelques km de Pollença, est l’un des plus convoités de l’île. La disposition du golf est censée refléter les vagues de la mer omniprésente.

Castell del Rei

Des restaurants et des hôtels de grande qualité

La réputation de Pollença quant à la qualité de ses prestations hôtelières et gastronomiques est largement méritée.

Vous trouverez de nombreux agrotourismes, dans la ville, le port ou plus isolés dans la montagne ou au bord de la mer.

L’hôtellerie de luxe possède un de ses plus beaux fleurons avec Son Brull, une « finca » du XVIIIº siècle située à l’entrée de la ville. Plus modeste mais non moins charmante, la Posada de Lluc, une maison du XVº siècle ou un des plus anciens hôtels de l’île, ouvert en 1912, l’hôtel Miramar sur le port.

En ce qui concerne la gastronomie, tout est possible, du modeste et délicieux Pa amb oli au repas de gourmet.

 Les alentours de Pollença à ne pas manquer

Le cap de Formentor, pointe extrême nord de l’île, le cap de Pinar, Alcúdia et son port sont des visites obligatoires.

Dans la ville médiévale d‘Alcúdia, vous pourrez visiter, entre autres, l’église de Sant Jaume et un théâtre romain creusé dans la roche.

Bien qu’il ne reste que quelques murs de fondation de la Casa de la Portella, Pollentia demeure le premier site de vestiges romains de Majorque et possède un musée monographique.

Le parc naturel de S’Albufera irrigué par les torrents de Muro et Sant Miquel, est parcouru de marécages et de canaux naturels ou artificiels .

La lagune (Albufera) est plantée de roseaux, tandis que les dunes sont recouvertes de pinèdes, de genévriers, de plusieurs sortes d’orchidées et de quelques espèces endémiques. C’est aussi une zone de passage d’oiseaux migrateurs en route vers l’Afrique.

Plus retiré dans les terres au cœur de la forêt, le monastère de Lluc vaut absolument le détour, de plus, la route qui y conduit depuis Pollença est en parfaite condition et vous plongera au cœur d’un paysage montagneux inattendu.

La côte Nord aux alentours de Pollença offre de nombreuses « Calas » abritées du vent qui souffle souvent : Cala Sant Vicenç, Cala Murta, Cala Formentor (la plus connue), plus loin Sa Calobra aux falaises impressionnantes.

Plage de Formentor

Pollença ne se découvre pas en un seul jour, elle mérite plusieurs visites. Son charme est indéniable et vous n’y résisterez pas !

Une des plus belles vues sur la Méditerranée :

Crédits et crédits photos:  Spain-info, le petit futé, le guide du routard, portamallorquina.com, viagallica.com, diariodemallorca.es, seemallorca.es, ultima hora, pollensa.com

Laurence Griffon

Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano. Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.

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