Alfàbia, trésor de la Serra de Tramuntana
Déclarée monument d’intérêt culturel, la possessio d’Alfàbia et ses sublimes jardins est l’un des domaines seigneuriaux de Majorque les plus emblématiques

Pour parvenir au domaine d’Alfàbia, il faut d’abord traverser une plaine jalonnée d’amandiers qui se referme lentement jusqu’à disparaître devant le versant sud du Coll de Sóller, après le village de Bunyola. Abritée par les montagnes de la Serra de Tramuntana, patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2011, la propriété se situe dans une sorte de cuve, alfàbia en arabe.
Rien ne présage de la beauté de l’endroit. Il faut franchir le portail et s’aventurer dans la grande cour centrale pour commencer à comprendre que nous sommes ici au cœur de l’histoire de l’île aux nombreuses conquêtes.
Une possession aux multiples influences architecturales
À l’époque islamique, Alfàbia était une ancienne ferme, propriété d’un puissant personnage de Majorque, le vizir Ben Abet, qui aurait collaboré avec le roi Jaume Ier lors de la conquête de 1229, ce dont il aurait été récompensé en étant autorisé à garder ses richesses.
Ses successeurs se sont convertis au christianisme et ont conservé le nom arabe de Bennàsser. Depuis lors, la propriété est passée par différents propriétaires, jusqu’à l’actuelle famille Zaforteza, responsable de sa rénovation et de son entretien.

Le manoir familial a été construit au XVe siècle et n’a cessé d’être transformé jusqu’au XIXe siècle ainsi, on reconnait des éléments de différents styles : arabe, gothique, Renaissance, baroque, romantique. On retrouve même dans la décoration intérieure les styles rococo et anglais. Un mélange harmonieux de différentes époques qui ne font que rehausser le charme de cette demeure.
Au XIXº siècle, la reine d’Espagne, Isabel II, y est même venue pour une courte visite lors de sa venue à Majorque.
Des jardins reconnus mondialement
Ce n’est pas un hasard si l’association internationale “Great gardens of the world” a désigné le jardin d’Alfàbia comme l’un des meilleurs jardins historiques du monde en se basant essentiellement sur son caractère spectaculaire et son intégration dans l’environnement.
Ce jardin s’ouvre sur une allée de platanes menant aux fontaines dont les jets d’eau donnent un aspect féérique et luxurieux à l’ensemble, une symbiose entre la tradition islamique et d’autres styles comme la Renaissance italienne et le baroque.

Au pied de la Serra de Tramuntana, le domaine profite de sa situation privilégiée pour recueillir l’eau d’une source située dans la Serra d’Alfàbia à 1068 mètres. On dit que cette source ne se tarit jamais, même pendant les jours les plus chauds de l’été majorquin.
Dans ce magnifique jardin, la forte pluviométrie de la région et la protection de la Serra contre le vent froid du nord permettent de réunir des espèces aux exigences aussi différentes que le sapin, le palmier, le bougainvillier, le cèdre, la glycine, le géranium. Botanistes amateurs, vous serez éblouis par l’abondance des variétés de plantes qui donne un air tropical à l’ensemble.

Préparez vos appareils photos quand vous serez près du réservoir semi-couvert par un plafond voûté créant un beau reflet dans l’eau et laissant entrevoir un magnifique paysage en arrière plan.
Laissez-vous charmer par la balade sous la pergola de 72 colonnes construite au XVIIIe siècle. La dernière section est ornée de 24 hydries en pierre (vases grecs) avec leurs arabesques d’eau. Tous vos sens seront en éveil entre les jeux de lumière et le bruissement et la fraîcheur de l’eau.
La possessio se visite du premier mars au 31 octobre tous les jours de 9h30 à 18h30. Vous pourrez également faire une pause et prendre un rafraîchissement dans un des recoins fleuris du jardin.
Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.