La Ruta Mística de Ramon Llull à Majorque
La route mystique de Ramon Llull est, de nos jours, un itinéraire de randonnée dans le Pla de Majorque. Cependant, elle symbolise avant tout le cheminement spirituel d'un homme.

Ramon Llull, philosophe majorquin du XIIIe siècle, est considéré comme le père de la philosophie catalane. Il est l’auteur d’une œuvre considérable, qui comprend des traités de logique, de philosophie, de théologie et de mystique.
Son œuvre a eu une influence importante sur la pensée occidentale au Moyen-Âge. Fervent défenseur du dialogue interreligieux, il voyait les trois grandes religions monothéistes – le judaïsme, le christianisme et l’islam – comme des voies différentes menant au même Dieu, tout en voulant convertir les « gentils » ou « infidèles »…
Grand voyageur en Europe et en Afrique du Nord, Ramon Lllull a également parcouru l’île de Majorque où son empreinte spirituelle reste marquée à travers la route mystique ou culturelle qui porte son nom.

Palma, la ville où tout a commencé
La plaça Major

La tradition situe la maison natale de Ramon Llull à l’angle nord de la plaça Major avec une plaque commémorative placée entre deux arcs en 1888 par la Société Archéologique Lullienne. Il ne s’agit pas du même édifice puisque la place a été modelée au XIXº siècle. C’est en 1232 ou 1233 que le grand homme est né, dans une riche famille originaire de Catalogne.
L’église Santa Eulàlia

Avant de devenir le grand penseur chrétien que l’on connaît, Ramon Llull mène la vie toute tracée d’un bourgeois aisé. Marié, père de deux enfants, on dit même qu’il était peu fidèle et aimait particulièrement la compagnie féminine.
Ce qui nous amène tout droit à l’église Santa Eulàlia. En effet, la légende rapportée dans un poème de Joan Alcover y Maspons (1854-1926), nous dit qu’il y poursuivit une jeune dame dont il était tombé amoureux.
Le Paseig de Sagrera ou Paseo Maritimo

Sur le Paseo de Sagrera, se trouve la statue que Palma a érigé en l’honneur de son plus grand fils. La sculpture en bronze de 1967 est l’œuvre d’Horacio de Eguía.
La base qui soutient la sculpture reproduit quelques versets dans les trois langues véhiculaires utilisées par le philosophe.
Le texte latin reprend l’un des proverbes de Llull : « Justitia procuram pacem et injuria bellum. Humilia verba sunt nuntii pacis et superba belli » (Liber Proverbiorum) ». Le texte catalan reproduit le verset 295 de « Amic e Amat » : « Amor és aquella cosa qui los francs met en servitud e a los serfs dóna llibertat ».
La Basilique Sant Francesc

La dernière étape de cette balade citadine est la basilique Sant Francesc où repose très humblement l’un des penseurs les plus universels et puissants de la fin du Moyen-âge européen. Son tombeau se situe dans la deuxième chapelle rayonnante de la basilique.
Deux monastères importants dans le parcours de Ramon Llull
Le monastère de la Real

Après sa conversion spirituelle, Ramon Llull a fait un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle puis est revenu à Majorque à plusieurs reprises pour retourner au monastère de la Real, un centre spirituel, où il venait consulter les moines.
Ce monastère, situé à la périphérie de Palma en allant vers Establiments est un bel édifice à visiter.
Le monastère de Miramar

Avant d’entreprendre la vraie route mystique de Ramon Llull, faites un grand détour entre Valldemossa et Deià, un peu avant Son Marroig et rendez-vous au monastère de Miramar. C’est là que se trouvait une école missionnaire créée par le roi Jaume II, à la demande de Ramon Llull. Ce dernier en parle clairement dans son ouvrage “Blanquerna”.
Les principales étapes de la route mystique au coeur du Pla
Grâce à cet itinéraire, entre Algaìda et Randa,vous traverserez les principaux décors de la mystique médiévale de Majorque ; oratoires, ermitages, lieux de pèlerinage, de retraite et de pratique de la vie ascétique de Ramon Llull.
Algaìda

C’est à l’ancienne paroisse de Castellitx, également appelée la Mare de Déu de la Pau, située entre Algaìda et le Puig de Randa que commence notre voyage. De style gothique primitif, elle a une seule nef de trois tronçons, couverte de voûtes en ogive. Selon la légende, une image sculptée de la vierge datant de 1430, a été trouvée à proximité de l’actuel ermitage.
Sanctuaire de Nostra Senyora de Gràcia
En grimpant vers Randa, un croisement mène au Sanctuaire construit à l’ombre d’un gros rocher.. Son origine se trouve dans la grotte de la Aresta, où, au XVe siècle, les moines franciscains venaient pour observer leurs vœux de pauvreté et d’austérité. La première chapelle est devenue un centre de pèlerinage sous le patronage de Nostra Senyora de Gràcia. L’église actuelle a été commencée au milieu du XVIIIe siècle et achevée vers 1819.
Ermitage de Sant Honorat

Sur le même chemin se trouve l’ermitage de Sant Honorat qui offre une très belle vue sur l’île. Au milieu du XIVe siècle, des chevaliers ont choisi Randa pour commencer une vie religieuse et ont demandé l’autorisation de construire l’ermitage. Il appartient actuellement à l’ordre des Missionnaires des Saints-Cœurs et propose un service d’hébergement.
Sanctuaire de Nostra Senyora de Cura

Au sommet de la montagne de Randa se trouve le Sanctuaire de Nostra Senyora de Cura, l’un des sanctuaires les plus célèbres et populaires de Majorque, aux côtés de celui de Lluc. Il a été érigé dès le XVº siècle, à proximité de la grotte où, selon la tradition, le bienheureux Ramon Llull aurait reçu l’illumination et une mission : écrire un livre qui réfuterait toutes les fausses croyances des infidèles.
C’est ici que le premier Collège de Gramatica Latina a été fondé, actif jusqu’en 1826. C’est un endroit privilégié avec des vues spectaculaires sur l’île, un endroit idéal pour conclure cette belle route mystique de Ramon Llull.
Pour aller plus loin
Crédit illesbalear.travel, diario de mallorca, rutes ramon llull
Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.