Visites et Incontournables

La Serra de Tramuntana, Majorque à couper le souffle

Un balcon sur la Méditerranée avec ses versants abrupts, ses caps sauvages, ses villages pittoresques, ses collines façonnées par les terrasses de pierres sèches et ses vergers luxuriants.

Dray & Partners
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La Serra de Tramuntana située le long de la côte Nord-Ouest de Majorque, est formée d’une chaîne de montagnes aux versants abrupts s’étirant depuis Andratx jusqu’à Pollença. Sa beauté est telle qu‘elle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2011.

L’empreinte de l’homme omniprésente

Quelques millénaires et la volonté et le travail de l’homme, ont transformé peu à peu ce paysage sauvage pour le rendre productif et lui donner son aspect actuel : Un exemple d’adaptation de l’homme à des conditions environnementales difficiles, parvenant à rendre cultivable et vivable une région aux maigres ressources en terres agricoles et en eau, tout en préservant sa beauté naturelle.

La technique d’irrigation de cette zone est une des fiertés historiques de Majorque. Il est un parfait exemple d’échanges entre les cultures musulmanes et chrétiennes, typique de la zone méditerranéenne.

Il s’agit d’un réseau interconnecté et hautement spécialisé de collecte, de stockage et de distribution de l’eau à l’aide de conduits souterrains appelés qanats, de canaux, de rigoles et de bassins de stockage, les typiques safareigs.

L’immense Safareig de la possesio Comassema près d’Orient

L’ingénuosité de ce système a permis de transformer une terre revêche en potagers et vergers salutaires pour la survie des insulaires grâce à l’aménagement en terrasses de zones peu accessibles, à la préservation de zones forestières, à la prolifération de cultures fruitières et aux vignobles et prairies pour l’élevage de moutons.

Oliviers, orangers, citronniers, amandiers, pêchers, vignes se dessinent entre les différentes possesiones, impressionnantes bâtisses d’origine féodale qui centralisaient toute l’activité des terres environnantes.

vue sur les terres cultivées de Comassema, une possessio au coeur de la Serra de Tramuntana

C’est sur la base de ces critères, à la fois géographiques, culturels et historiques que la zone fut inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Déjà reconnue comme « site pittoresque » depuis 1972, La Serra de Tramuntana de près de 31.000 ha de superficie méritait amplement cette reconnaissance mondiale.

Un paysage qui n’a cessé d’inspirer l’élite artiste

Impossible de ne pas citer George Sand en parlant de la serra de Tramuntana. Celle qui n’a pas été particulièrement tendre avec les habitants de Majorque, a pourtant loué avec ferveur la beauté de ses paysages et particulièrement ceux de la Serra de Tramuntana.

Son séjour à Valldemossa avec Frédéric Chopin en fait une pionnière parmi tous les artistes et intellectuels qui ont découvert les qualités esthétiques indéniables de la côte Nord-Ouest et ont ainsi contribué à sa renommée.

De nombreux peintres ont été inspiré par la beauté de la Serra de Tramuntana, notamment aux alentours de Pollença. Hermenegildo Anglada-Camarasa, dont certaines oeuvres sont exposées au Gran Hotel de Palma et Dionís Bennàssar sont les figures majeures de La Escuela Pollensina.

Embalse de Cúber au pied du Puig Major

De l’Archiduc Ludwig Savador en passant par Robert Graves ou Anaïs Nin spécialement attachés au village de Deyà, ils sont nombreux encore à venir apprécier les splendeurs de ce coin de Majorque encore préservé des outrances du tourisme de masse.

Ce sont les mots de Gertrude Stein à son ami Robert Graves qui résument le mieux ce sentiment d’intemporalité motivé par la Serra de Tramuntana. Lorsqu’il lui annonça qu’il s’y exilait, elle lui répondit : Si tu es capable de supporter une telle intensité de paradis

La Ma-10, une des plus belles routes de la Méditerranée

La Ma-10, en s’immisçant dans les flancs de la montagne, offre la possibilité de s’embarquer pour un époustouflant road trip de 90 km entre Andratx et Pollença. Cette route montagneuse et sinueuse, impécablement entretenue, se fond entre les pins, les chênes rouvres, les chênes verts, la garrigue, les oliveraies, les champs d’amandiers et d’orangers. 

Que le ciel soit d’un bleu immaculé ou parsemé de lourds nuages, en été comme en hiver, cet itinéraire ne vous laissera pas indifférent.  Partez depuis Andratx pour parcourir les 25 km qui vous séparent de Banyalbufar et de la Torre des Verger, une des mieux préservées de Majorque. Arrêtez-vous à la punta de Na Foradada, un mirador parmi les plus visités de l’île.

Derrière les courbes qui serpentent la Serra de Tramuntana, des vallées émergent soudain. D’abord Valldemossa dont la Chartreuse au clocher turquoise se détache majestueusement puis Sóller au parfum puissant de fleurs d’oranger. 

L’incontournable village de Valldemossa

Plus de 50 sommets le long de cet itinéraire dépasse les 1000 mètres d’altitude. Parmi eux le Puig Major se distingue comme le plus haut de Majorque avec ses 1436 m et à ses pieds le Gorg Blau et le Cúber, les 2 uniques réservoirs d’eau douce créés artificiellement dans les années 70. 

Après le sanctuaire de Lluc, vous arrivez à Pollença, profitez du marché (si c’est un dimanche) puis terminez votre périple en rejoignant  le cap de Formentor, là où la montagne se heurte à la Méditerranée, une fin en apothéose…

Cap Formentor, le bout du monde majorquin

La ruta de pedre en sec, un itinéraire incontournable

Il existe un sentier de grande randonnée, le GR 221, plus connu sur l’île comme la ruta de pedre en sec en référence aux nombreux murs de pierres sèches que l’on y trouve, qui parcourt la Serra de Tramuntana d’un bout à l’autre.

164 km d’une randonnée qui unit les villes d’Andratx et Pollença et permet de découvrir les sites les plus emblématiques de la côte Nord-Ouest. Des sommets comme le Galatzó de 1025m dans la commune de Calvià ou le Puig Major.

Chemin bordés de pierres sèches sur le GR221

Les marcheurs disposent de 8 gîtes sur le parcours depuis La Trapa, en passant par Tossals Verds pour atteindre le dernier à Pollença, Pont Ròma. Ils peuvent également s’égarer dans les petits villages qu’ils verront au loin comme Banyalbufar, Esporles, Estellencs, Deyà, Orient, Vallemossa.

Il faudra visiter la possesió de l’archiduc d’Autriche,Son Marroig, garder des forces pour descendre (et remonter..) de Sa Calobra et Cala Tuent et faire une halte bien méritée au monastère de Lluc, où il est possible de dormir.

Et surtout il faudra prendre le temps de se poser devant le magnifique coucher de soleil offert chaque soir aux promeneurs, un des atouts majeurs de la Serra de Tramuntana.

Crédits : unesco.org, lefigaro.fr, flick.com, inturotel, adobe.com, pixabay

Laurence Griffon

Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano. Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.

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