La cuisine majorquine de Pâques
La Semaine sainte à Majorque est une merveilleuse occasion de découvrir les traditions culinaires de l'île.

Visiter Majorque durant la semaine sainte est synonyme de dépaysement à la fois géographique et culturel.
Les fêtes de Pâques, comme dans toute l’Espagne, y sont célébrées avec ferveur : À la fois dans les rues, où défilent les nombreuses confréries coiffées de leurs capirotes, vision troublante pour les touristes novices, mais aussi dans les cuisines où l’enthousiasme et la passion ne sont pas moindres.
Une journée entière devant les fourneaux pour préparer ces merveilles de Pâques
Même si de nos jours, vous trouverez ces spécialités durant toute l’années dans les « Forns », boulangeries-pâtisseries de Majorque, les confectionner en famille entre le dimanche des Rameaux et le Jeudi Saint reste une des traditions les plus ancrées dans la culture majorquine.
À cette période de l’année, la plupart des cuisines majorquines ressemblent à des essaims d’abeilles ou la reine est souvent la « Padrina » (grand-mère) entourée des enfants et petits-enfants. Les mains dans la pâte, tous s’affairent à façonner les plus belles « panades » à garnir de crème ou de confiture les « rubiols » et donner de jolies formes aux « crespells ».
Toute la journée y est consacrée depuis le matin très tôt qui commence par la confection de la Pâte puis du mélange de petits morceaux de viande avec des épices, des légumes et du saindoux (saïm en catalan) qui donnera tout le moelleux aux petites tourtes.
Après une pause déjeuner quand la cuisson des pâtes salées est terminée, les enfants piaffent d’impatience : c’est enfin à eux de plonger leurs mains dans le grand saladier de pâte sucrée, de choisir leurs formes préférées parmi les nombreux emporte-pièces et la procession des crespells commence !
Même nous, Forasteros (Espagnol non-majorquin) et Guiris (Étranger) habitants de l’île, adorons ce rituel culinaire, quand nous avons la chance d’y être convié. Et n’espérez pas repartir avec les recettes de ces petites merveilles, chaque famille a les siennes qu’elle ne partage pas si facilement.
Les Panades (empanadas en castillan) et Cocarois
Faites de la même pâte, elles diffèrent dans leur garniture et leur forme.
La cocarois avec sa forme de demi-lune est la préférée des végétariens, puisqu’elle ne contient pas de viande, mais un mélange de blettes, chou-fleur, pignons, raisins secs et différents épices. Parfois la pâte est sucrée (dolce en catalan).
L’empanada a toujours la même forme de petite marmite recouverte d’un chapeau qui selon la garniture sera chiqueté différemment. (chiqueter signifie : refermer une tourte en donnant aux rebords un dessin particulier).
Elles sont au poisson, à la viande de porc et/ou agneau et aux petits pois et dans ces 2 derniers cas elles contiennent de petits morceaux de sobrasada. Totalement irrésistible !
Les rubiols et crespells
Dans chaque famille, la recette est différente et chaque boulangerie possède également ses propres secrets de fabrication !
Les rubiols en forme de demi-lune peuvent être garnis de confiture d’abricot ou de fraise, de « cabell de angel » (une sorte de confiture de citrouille), de « brossat » en catalan ou « requesón » en castillan (un fromage frais sucré) et de chocolat fondant.

Les crespells sont des petits biscuits qui se conservent assez longtemps et qui prennent des formes variées, poisson, étoile, fleur (la plus classique) ou bonhomme, le Senyoret.
Le village de Pollença possède sa propre spécialité de Pâques, la Formatjada, une sorte de rubiol géant à la forme arrondie.
Le Frito Mallorqui
Pas de demi-mesure avec cette spécialité majorquine, on adore ou on déteste ! Sa saveur prononcée et ses ingrédients qui peuvent en rebuter certains, en font un plat très particulier.
Il est dégusté le jour de Pâques comme symbole de la fin de l’abstinence du Carême. Fait de viande, d’abats comme le foie et de sang de porc ou d’agneau mélangés à un « frito » (huile d’olive, tomates, ail et oignons), des poivrons rouges, des pommes de terre, des clous de girofle, du laurier et des feuilles de fenouil.

Les gourmandises en chocolat ne sont pas en reste et vous les trouverez en abondance dans les meilleures pâtisseries de Majorque, nous vous conseillons un petit joyau, Lluis Perez Pastisser.
Crédits : saymiel.blogspot.com, illesbalears.travel, jardin-mundani-blogspot.com, ultimahora.es, hotelsport.com, thermomix.com
Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.