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L’huile d’olive de Majorque

Précieuse, exquise, fruitée, aromatique et millénaire l’huile d’olive est l’or liquide de l’île

Dray & Partners
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À Majorque où se conjuguent merveilleusement tous les éléments caractéristiques d’une île méditerranéenne, l’olivier fait partie du paysage depuis des temps immémoriaux.

L’huile de Majorque est une huile d’olive extra vierge obtenue par des procédés mécaniques qui garantissent la préservation de toutes les propriétés organoleptiques de l’olive.

La production d’olive de l’île est réduite en raison des caractéristiques géo climatiques qui permettent cependant l’élaboration d’une huile de grande qualité.: les sols, le relief accidenté, les précipitations irrégulières et l’âge élevé des oliviers.

Tous ces facteurs, ainsi que les variétés d’olive présentes à Majorque (mallorquina, empeltre, picual et arbequina) offrent des huiles exquises, aux saveurs délicieusement contrastées : douces et/ou fruitées si elles sont obtenues à partir d’olives mûres et plus piquantes et amères lorsqu’elles sont élaborées à partir d’olives vertes.

Les variétés majorquines (crédit oli de Mallorca)

Une histoire millénaire

La culture de l’olivier, l’élaboration et la consommation d’huile d’olive sont des traditions enracinées à Majorque depuis l’antiquité et son huile a été reconnue et appréciée de tous temps autant par les autochtones que par les habitants des régions qui entretenaient des relations commerciales avec l’île comme le sud de la France.

Il faut remonter 2000 ans en arrière pour découvrir comment les phéniciens et les grecs ont introduit les premiers exemplaires d’olivier arrivés sur leurs bateaux, d’abord sur la Péninsule et de là à Majorque.

L’invasion et l’occupation musulmane à partir du IXème siècle, apportent à l’île des techniques avancées d’agriculture particulièrement en matière d’irrigation et les oliveraies commencent à proliférer et à s’étendre sur tout le territoire.

Mais c’est avec la reconquête catalane par Jaume I en 1229 que Majorque acquiert la coutume de produire de l’huile d’olive pour la cuisine devenant ainsi à travers les siècles un signe d’identité de la savoureuse gastronomie majorquine.

L’expansion de la culture de l’olivier se développe particulièrement dans les zones septentrionales et méridionales de la Serra de Tramuntana.

Les oliviers de la Serra de Tramuntana (crédit Joana Leal)
Des sculptures naturelles (crédit Joana Leal)

De cette époque subsistent les cultures en terrasses caractéristiques qui transforment la montagne en zone cultivable où sont plantés des milliers d’oliviers.

Aujourd’hui, cette gigantesque oliveraie est un magnifique monument naturel qui témoigne de l’effort et du dévouement des ancêtres des majorquins pour préserver « l’or liquide » cadeau de la terre.

Certains de ces spécimens ont aujourd’hui plus de 800 ans portent encore des fruits d’une qualité extraordinaire et forment un paysage conçu par l’homme unique au monde où la nature a sculpté au cours des siècles les troncs noueux pour les transformer en véritables œuvres d’art

De plus, consommer l’huile authentique de Majorque contribue à la conservation de ce beau patrimoine naturel et culturel de la Serra de Tramuntana, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

Une huile exportée dès le XIII ème siècle

Les références historiques indiquent qu’à l’époque de la couronne d’Aragon au XIII ème siècle, l’huile de Majorque était déjà exportée vers l’Afrique du Nord avec d’autres produits agricoles.

Au XVI ème se produit une percée importante dans la culture et la production d’huile qui devient alors et reste pendant des siècles, la principale source naturelle de richesse des majorquins, les fermes possèdent une « tafona » le pressoir à huile que vous pouvez encore découvrir aujourd’hui.

La « tafona » , le pressoir (crédit Joana Leal)

A cette époque d’ailleurs, les dîmes (impôts sur la récolte) de l’huile payées au roi, représentaient 10 % du total, un chiffre dépassé seulement par le blé et l’orge.

Jusqu’au XIXème siècle, l’huile jouent un rôle clé dans l’économie car elle est à la fois un ingrédient de base de l’alimentation des habitants, mais également un produit de troc utilisé comme monnaie d’échange pour obtenir des aliments dont l’île est déficitaire, comme le blé.

La position prédominante de l’huile d’olive dans les exportations a perduré jusqu’au milieu du XIXème siècle, elle représentait alors entre 65 et 80% des exportations majorquines mesurées en unités monétaires.

Dans l’un des documents qui reflètent le mieux les coutumes et la vie de l’île « Die Baleren in Wort und Bild geschildert » (1869-1891), écrit par l’Archiduc Louis-Sauveur d’Autriche est décrite la grande qualité de l’huile utilisée entre autres pour le « pa amb Oli » selon lui un des plats traditionnels les plus « précieux ».

A la fin du XIXème siècle, la Catalogne décerne même le deuxième prix d’un concours de qualité à une huile d’olive élaborée à Majorque.

Des huiles mondialement reconnues

Aujourd’hui, l’île compte plus de 750.000 oliviers dont 90% ont plus de 500 ans, ces arbres extraordinaires modelés par les siècles font partie de l’essence du paysage majorquin.

Il a fallu attendre 2002 pour que soit créée l’appellation d’origine « Oli de Mallorca« , qui labellise les meilleures huiles d’olive extra vierge provenant spécifiquement des variétés d’olives mallorquina, arbequina et picual.

Dénomination d’Origine depuis 2002 (crédit Oli de Mallorca)

Elaborée uniquement par des méthodes mécaniques et artisanales, il faut 9 kilos d’olives pour obtenir 1 litre de ces huiles raffinées aux saveurs intenses, peu acides, fruitées et épicées de délicates notes aromatiques d’amande, de noix et de fenouil.

L’huile « Olis de Jornets » de Sencelles, par exemple, confirme la qualité exceptionnelle des huiles de Majorque.

Entièrement obtenue à partir d’olives de la variété picual, elle a remporté plusieurs prix dans de prestigieuses compétitions internationales : médaille d’or en 2016 du concours Olivinus en Argentine où le jury a évalué les huiles de 441 producteurs de 17 pays et 2 fois médaille d’or à Jérusalem.

Son secret : une acidité faible (0,1 au cours des cinq dernières années) qui la classe également dans les meilleures huiles espagnoles du nouveau guide « Iber Oleum ».

Des olives et de l’amour : découvrez la Casa Limbella

Connecté avec Majorque depuis l’enfance, Loïs a voulu y fonder son refuge avec Alexandra après des années d’expatriation dans le monde entier. C’est ainsi que Casa Limbella a vu le jour du côté d’Algaïda.

Un environnement propice à la culture des oliviers pour créer une “huile de château” élaborée comme un grand cru. Elle est faite de variétés Arbequina, Picual, Koroneiki (Grèce) et Frantoio (Toscane) et possède le label “Denominación de Origen Oli de Mallorca”.

L’élaboration de cette huile de qualité répond à un cahier des charges extrêmement respectueux de l’olive : une récolte précoce sur des arbres jeunes, une presse immédiate et une décantation lente sans filtrage, qui permet de conserver toutes les saveurs. 

Un choix qui privilégie la qualité à la quantité. Vous ne trouverez ce petit bijou qu’à un seul endroit à Majorque, La Maison Legrix à Palma. Sinon, il faudra vous rendre dans une petite épicerie fine de La Baule ou un caviste du 14º arrondissement de Paris !

Un secret de longévité

L’or liquide est l’un des secrets de longévité des populations du sud, car l’huile d’olive est excellente pour l’organisme et joue un rôle fondamental pour la santé.

L’olivier, trésor naturel (crédit eceitesdemallorca)

Sa contenance en antioxydants, en flavonoïdes, en polyphénols et en squalènes permet de booster notre système immunitaire, le renouvellement des cellules et même d’agir comme un anti-cancer, de plus sa richesse en vitamines A, D, E et K aide l’absorption du calcium pour des os solides.

À consommer donc sans modération et à découvrir chez plusieurs producteurs de l’île qui proposent des visites de leur exploitation et des dégustations.

Sources : Oli de Mallorca, Wikipédia, Ultima Hora

Joana Leal

Je suis née entre 2 cultures radicalement différentes qui m’apportent une vraie richesse, grâce à une maman belge voyageuse qui découvre l’île dans les années 60 et rencontre un charmant majorquin, l’amour de sa vie. Toutes les vacances de mon enfance ont le goût salé de la mer, le chant des grillons dans les pinèdes et le bonheur de retrouver ma tatita (grand-mère) les cousins et les cousines dans les grandes fêtes de San Jaime. Mon métier de Responsable Communication et Evénements, d’abord dans une radio belge et ensuite pour Mons, ma belle ville culturelle et chargée d’histoire, m’a toujours passionné. Mais le gris du ciel devenait de plus en plus pesant et comme une évidence, je savais où trouver la lumière ! Depuis un an j’ai posé mes valises… je retrouve mes racines et vis enfin mon grand amour et ma passion pour Majorque !

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