Les Llaüts, bateaux traditionnels des îles Baléares

Trésor du patrimoine méditerranéen, le llaüt est idéal pour naviguer paisiblement, découvrir des criques isolées, jeter l’ancre et profiter d’un coucher de soleil en sirotant un vermut local. Ce petit bateau de pêche est indéniablement devenu au fil du temps, l’embarcation artisanale à la mode entre les îles de  Majorque et Minorque. 

Le llaüt, un bateau devenu une icône des Baléares grâce à son élégance et sa simplicité

Les llaüts ont des origines anciennes, remontant aux Phéniciens et aux Romains. Ils étaient traditionnellement utilisés pour la pêche, le transport de marchandises, et même, au XXº siècle, pour des activités de contrebande de tabac.

Les llaüts sont généralement construits en bois et possèdent une coque élancée d’environ 4 mètres et une voile latine caractéristique. Ils sont reconnaissables par leur conception à trois mâts. Leur grande stabilité en mer en a fait des bateaux de référence pour la navigation dans les eaux parfois agitées de la Méditerranée.

Les llaüts ont été conçus  pour répondre aux besoins des pêcheurs et de leurs familles. L’aménagement intérieur peut inclure un espace pour dormir, cuisiner, manger et stocker le matériel de pêche. 

Héritage maritime partagé entre Majorque et Minorque 

Tel le pointu à Marseille, les llaüts sont indissociables de l’archipel des Baléares, une des destinations touristiques les plus populaires en Méditerranée.

Ils sont en réalité plus couramment associés à Minorque plutôt qu’à Majorque. Les llaüts de Minorque sont souvent utilisés par les pêcheurs locaux pour la pêche côtière et la pêche au chalut, préservant ainsi cette tradition maritime.  Ils jouent un rôle important dans la culture de l’île et sont également utilisés à des fins touristiques,

Bien qu’ils partagent certaines caractéristiques communes en raison de leur origine régionale, ils présentent également des différences distinctes ; en effet, le llaüt menorquin est souvent reconnaissable par sa proue élevée et arrondie ainsi que par sa poupe droite.

Les “charpentiers de rivage”, entre tradition et innovation 

Fabriqués à l’origine en bois, les versions en fibre de verre ont été introduites dans les années 1980, ce qui a porté un coup amer aux maîtres constructeurs. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’environ 1 200 « llaüts » en bois au registre nautique et une demi-douzaine de maîtres constructeurs. Des facteurs tels que le manque de mouillages et leur coût élevé menacent sérieusement l’industrie de fabrication des llaüts.

Ses véritables créateurs furent les « mestres d’aixa » ou charpentiers de rivage, un métier en voie de disparition mais qui subsiste encore dans certaines zones de Majorque, telles que Portocolom ou le Port de Pollença.

Une histoire qui, peu à peu, retrouve son éclat, surtout depuis que le llaüt a été déclaré Bien d’Intérêt Culturel (BIC).  Une école-atelier a été créée au début des années 2000 à Son Bonet, près de Palma, où l’art de charpentier de rivage est valorisé et enseigné. Certaines des embarcations les plus emblématiques de l’île y sont restaurées, contribuant ainsi à maintenir cet aspect du patrimoine maritime vivant.
Certaines de ces embarcations peuvent être observées au Centre Culturel Ses Voltes, dans le parc situé près de la Cathédrale ainsi qu’au Musée de la Mer, situé au Port de Sóller.

Les llaüts, de l’utile à l’agréable

Au fil du temps, l’usage des llaüts a évolué. Alors qu’ils étaient à l’origine utilisés principalement pour la pêche et le commerce, ils sont devenus des bateaux de loisirs et de tourisme de plus en plus prisés. Certains llaüts traditionnels ont été restaurés et sont désormais utilisés pour des excursions touristiques le long des côtes méditerranéennes.

Où admirer des llaüts à Majorque

Lors de festivals maritimes, de régates traditionnelles ou autres événements liés à la mer, il est habituel de voir des llaüts exposés ou naviguant dans les eaux méditerranéennes.

Les ports, les marinas et les zones côtières de Majorque abritent un grand nombre de llaüts. 

Le port de Sóller, sur la côte ouest de l’île, est un endroit populaire pour les llaüts traditionnels. Son musée de la Mer propose également des expositions sur ces embarcations.

Sur la côte est de l’île, le village de Porto Colom est réputé pour son lien avec les llaüts et son héritage maritime.

Mais si vous voulez admirer des llaüts historiques et en savoir plus sur leur fabrication et conservation, rendez-vous à Cala Gamba.

Le club nautique de  Cala Gamba a créé un nouveau Musée Écomaritime le long d’un ancien quai rénové afin de mettre en valeur le patrimoine maritime du club. Il s’agit de 25 bateaux de voile latine avec des panneaux d’information et des plaques en métal détaillant leurs noms et années de construction.

Des codes QR seront ajoutés pour accéder à l’histoire de chaque bateau. De plus, le musée couvrira l’histoire du club et sa relation avec l’environnement, y compris des excursions en bateau pour observer la zone historique et l’écosystème naturel environnant. 

L’îlot de la Galera et les vestiges de structures traditionnelles seront des points d’intérêt lors des visites..

Les régates de llaüts

L’émergence de clubs nautiques tels que le Club Marítim Molinar de Llevant, le Club Nàutic Portitxol, le Club Marítim Sant Antoni de la Platja et le Club Nàutic Cala Gamba a permis la formation de flottes qui se sont jointes aux existantes, comme le Club de Regatas et le Club España, qui organisaient déjà des régates de « bots » et « llaüts » dans les années 1920/1930.

Très populaires dans les années 1950, elles ont subi la concurrence des embarcations en plastique, plus rapides et économiques.

À partir de 1991, le Govern Balears a subventionné l’accastillage latin pour les propriétaires de « bots » et de « llaüts » s’engageant à participer à des régates pendant trois ans. Cela a stimulé le Trofeu Mestres d’Aixa au Club Nàutic Portitxol, rassemblant plus de 20 embarcations lors de la première édition.

En 1995, le Trofeu Hivern a été créé pour maintenir actives les régates de voile latine tout au long de l’année, puis en 2003, la catégorie « llaüts Clàssics » a été introduite pour résoudre les différences entre les llaüts compétitifs et les traditionnels. 

Éléments essentiels du patrimoine maritime méditerranéen, les llaüts n’ont pas fini de jouer leur rôle vital dans la vie maritime et culturelle des îles Baléares

Laurence Griffon

Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.