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Les majorquins qui font Majorque : Nicolás Moragues

Nicolás Moragues, Docteur en Histoire et en Géographie, est l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de l'œuvre de Jules Verne

Dray & Partners
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Cela fait bientôt 2 ans, que j’ai rencontré Nicolás. En Avril 2020 devait avoir lieu le 3º congrès international Vernien. Il avait contacté la Piaf pour envisager une collaboration. 

Le congrès a été retardé de 18 mois et nos rencontres sporadiques autour d’un thé anglais, durant cette période d’attente m’ont convaincue que cet homme érudit, chaleureux et passionné avait sa place parmi les majorquins illustres !

 Bonjour Nicolás, Le congrès vient de s’achever, quel bilan fais-tu ?

Un bilan très positif ! 32 conférenciers de 11 pays, 20 en présentiel,12 en vidéoconférence. Près de 40 personnes présentes au centre d’Histoire et de Culture militaire de Palma pour chaque conférence et plus de 250 par internet. 

Les passionnés se sont déplacés des 4 coins du monde. L’ambiance était formidable. Michel Magnier est venu inaugurer le congrès et l’exposition temporaire. Cette dernière a été l’exposition la plus visitée depuis que le centre existe !

La première conférence a été tenue par un aristocrate italien, Piero Gondolo della Riva, qui a dédié sa vie à collectionner tout ce qui concernait Jules Verne. Actuellement, la majeure partie de sa collection se trouve au musée Vernien d’Amiens, la ville où L’écrivain a vécu.

Le congrès s’est clôturé par une balade dans Palma, la route de Clovis Dardentor et la projection du film “20.000 lieux sous les mers” avec Kirk Douglas. Michael Douglas, son fils et résident à Majorque, était malheureusement absent de l’île et n’a pas pu honorer notre invitation.

Parle-nous un peu de toi maintenant, quelle est ton histoire avec Majorque ?

Je suis né à Palma en 1976 d’un père majorquin et d’une mère canarienne. J’ai vécu aux Canaries, à Madrid, à Londres et en Allemagne. Je suis majorquin mais de ceux qui aime voir le monde et l’apprécie tout autant que leur île !

Je suis un passionné d’Histoire depuis toujours et j’ai rédigé ma thèse doctorale sur  la révolution cubaine du point de vue de l’un de ses participants, le Cubain Arsenio García Dávila, le plus jeune des 82 rebelles à l’origine de ce jalon de l’histoire contemporaine.

Grâce à ce travail je suis entré au département d’Histoire contemporaine des îles Baléares où actuellement je travaille sur l’influence sur la société locale des mouvements associatifs littéraires des Baléares depuis 1983 (date des statuts de la communauté autonome) jusqu’à nos jours.

Comment est née ta passion pour Jules Verne ?

En 2011, après avoir présenté ma thèse d’Histoire, j’ai décidé de prendre une année sabbatique et grâce à mon temps libre, j’ai repris mes lectures d’enfance, celles qui m’ont amené à la passion de la littérature. 

En relisant Jules Verne avec un regard adulte, j’ai réalisé que ses romans étaient chargés d’émotions, d’aventures, de voyages, de sciences, d’histoire, de géographie, d’humanité, bref, de connaissances immenses sur tous les sujets !

J’ai ainsi commencé à m’intéresser au personnage et j’ai contacté des spécialistes d’autres pays. Par la suite, j’ai fondé la société hispanique Jules Verne en 2012.

C’est une passion tardive mais dévorante ! Et surtout j’ai rapidement réalisé, en relisant “Les Voyages extraordinaires” que l’influence de la géographie des Baléares était une évidence.

Jules Verne et l’Archiduc Lluis Salvador ont  longtemps correspondu et Jules Verne s’est largement inspiré de son livre “Die Balearen” pour étoffer ses descriptions géographiques.

J’ai tellement poussé cette étude que j’avais assez d’informations pour écrire une nouvelle thèse pour un doctorat en géographie. Je l’ai présenté en juin 2021 avec un accueil très positif du jury.

Cette thèse sera bientôt un livre pour le grand public. Je dois l’adapter car pour le moment ce sont plus de 800 pages dont je dispose !

 Quelles sont les figures locales que tu admires le plus ?

Je pense que je choisirais Rafa Nadal car il représente des valeurs qui me tiennent à cœur, comme la culture du travail et de l’effort. Grâce au tennis, il a donné à Majorque une visibilité internationale. Pour l’’attitude de solidarité qu’il a eue lorsqu’il est allé aider après l’inondation de Sant Llorenç et un millier d’autres choses, je pense que Rafa Nadal est une référence dans tous les aspects.

Ensuite l’écrivaine Carme Riera qui est également membre de l’Académie royale de la langue espagnole. J’aime beaucoup ses livres et je pense que c’est une femme qui a largement mérité sa place dans la littérature contemporaine espagnole. 

 Quels sont  tes endroits préférés à Majorque ?

Un choix difficile car Majorque possède tant d’endroits fabuleux ! Pour moi, qui suis un amoureux de la nature, je choisirais une excursion, la route de l’archiduc Lluis Salvador dans la Serra de Tramuntana. C’est une excursion longue et pas toujours facile mais qui nous plonge dans des paysages éblouissants.

Ensuite, j’ai une affection particulière pour Sóller. Le fait qu’elle ait été séparée pendant tant d’années du reste de l’île par les montagnes lui a donné son propre caractère. Elle a son propre train, sa propre électricité, sa propre gestion de l’eau. Le caractère des Sollerics est charmant.  

 Quelles sont tes préférences gastronomiques ?

La cuisine majorquine est merveilleuse. Je mettrais en avant tout ce qui tourne autour du porc et de ses dérivés. J’aime las sopas mallorquinas et l’Arroz brut. Ce plat de pauvres fait des restes de nourriture est en fait un repas succulent. 

Les Quelitas sont également un must sur la table d’un Majorquin. Produit vedette, vous pouvez l’emporter avec vous lors de vos voyages. Lorsqu’il quitte Majorque, un touriste repart avec une ensaimada et un majorquin avec des quelitas !

Et pour terminer Nicolás, où nous conseillerais-tu de déjeuner ou dîner ?

Je ne nommerais pas de restaurant en particulier mais plutôt 2 villages que j’aime beaucoup. Alaró, un charmant village de la Serra de Tramuntana, où les restaurants offrent des plats typiquement majorquins et où l’ambiance est spécialement agréable et Binissalem, un autre village où il fait bon se balader et déjeuner. 

Laurence Griffon

Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano. Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.

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