Robe de llenguës, le tissu majorquin typique

La Toile majorquine, tela de lenguas en espagnol ou robe de llenguës en catalan, fait partie des produits phares de l’artisanat majorquin. Les villes de Pollença, Santa Maria del Cami ou Lloseta continuent à perpétuer cette tradition plus que centenaire tout en la modernisant sans cesse.
Une tradition venue d’Asie
Elle est parfois aussi appelée ikat majorquine, l’ikat étant une technique de tissage amplement répandue dans le monde. C’est une pratique millénaire de production de toile à travers un processus de teinture qui demande une grande agilité. Le fil est teinté avant le tissage laissant le motif apparaitre au fur et à mesure de l’élaboration de la toile.
L’Ikat est une technique pratiquée en Indonésie, en Inde, en Thaïlande, au Moyen-Orient et en Amérique et consiste à teindre à la main les fils de la chaîne (partie fixe du métier à tisser) qui, au préalable ont été noués. On pense que l’origine de la robe de llengües est orientale, provenant de la Route de la soie et qu’elle s’est particulièrement installée à Majorque du fait de son insularité et du commerce maritime prépondérant durant des siècles.
Majorquine, mais pas sans influence extérieure
Dès la fin du XVIIIº siècle une vague d’artisans et artistes français s’installent à Majorque, fuyant la Révolution et ainsi influencent la décoration des habitats en apportant un nouveau style.
Les premiers exemplaires de meubles tapissés ou de toiles murales de tela de lenguas apparaissent à Majorque dès la fin du XVIIIº et début du XIXº siècle, tant dans les maisons nobles et bourgeoises de la ville que dans les demeures plus modestes des campagnes.
Les ikats ont été produites en Europe jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, mais c’est seulement à Majorque qu’elles continuent toujours à être fabriquées, avec de plus en plus de succès.
Une élaboration soignée et précise
Il s’agit d’une fabrication artisanale et manuelle où la chaîne du métier à tisser est préparée avec du coton blanc puis tissée avec les fils préalablement teintés. Les plus communes sont fabriquées avec 70% de coton et 30% de lin, bien qu’elles puissent être faites aussi en soie et en lin pour des usages plus précieux.
Ses deux faces ont un dessin identique de formes géométriques simples, estompées et discontinues qui rappellent la forme d’une flamme (elle a aussi été appelée flamulas) ou d’une langue, d’où son nom. Les couleurs employées sont souvent vives, la couleur traditionnelle restant le bleu provenant de l’indigo naturel.
De nos jours n’importe quelle couleur est possible avec l’introduction des colorants chimiques, sans altérer la qualité première de la toile.
Une renommée largement méritée
L’usage de cette toile est très varié. Elle est normalement utilisée pour la décoration d’intérieur, rideaux, coussins, fauteuils à bascules (les typiques mecedoras) mais elle se décline aussi en chaussures, espadrilles, vêtements, sacs, paniers, linge de maison. On retrouve également ses motifs en céramique, assiettes, tasses etc.
Son succès est tel que des marques comme Dries, Van Noten, Gucci, Marc Jacobs ou Balenciaga l’ont inclus dans leurs collections infiltrant ainsi les passerelles de mode, les salons et les maisons du monde entier.
De grandes marques locales perpétuent la tradition
3 familles d’artisans majorquins continuent la tradition de la tela de lenguas. Tout en conservant l’exigence du travail de leurs ancêtres, elles ont su faire évoluer leurs créations pour nous offrir un artisanat d’avant-garde adapté aux attentes actuelles des particuliers et des designers, mais aussi des touristes.
A Lloseta vous pourrez découvrir Teixits Riera, Teixits Vicens à Pollença et aussi Textil Bujosa à Santa Maria del Cami. Encore une belle occasion de parcourir la campagne majorquine !
Crédits: ribescasals.com, tramuntanababy.com, teixits Vicens
Crédits photos: estilosantfeliu.com, bujosatextil.com, teixitsvicens.com
Arrivée à Palma en 1986 pour un court séjour, j’ai rapidement réalisé que j’avais enfin trouvé l’endroit idéal. Omniprésence de la mer, douceur de vivre et une petite librairie franco-anglaise, Book-Inn, où durant dix ans j’ai pu partager ma passion pour la lecture avec les nombreux majorquins férus de culture française. Titulaire d’un diplôme d’état de psychomotricienne, j’ai collaboré en tant que bénévole avec le centre ASPACE, parcouru l’île pendant 3 ans pour une agence de location saisonnière, donné des cours de français à l’Instituto Lluliano.
Comme André Brink, je pense qu’il n’existe que deux espèces de folie contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire et l’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.